Enslaved est un jeu qui m'a attiré dès son annonce. Un univers post apocalyptique, mais très naturel avec des plantes partout, un duo de personnages qui avait l'air sympa et la promesse d'un jeu d'aventure avaient fait de ce jeu l'un de mes jeux les plus attendu de cette année. Mais, après avoir joué à la demo, ce fut la douche froide. Le gameplay m'avait semblé trop simple et assisté, et je n'avais vraiment pas pris beaucoup de plaisir lors de ce premier essai. Mais j'ai quand même décidé de prendre le jeu, à la fois grâce aux bonnes critiques qui semblaient indiquer que le jeu était beaucoup mieux que la demo, mais aussi grâce à l'envie de découvrir cet univers qui m'attirait toujours autant. Maintenant que j'ai fini le jeu, il est temps de vous dire si je suis resté sur mes premières impressions manettes en main ou si Ninja Theory a finalement réussi à me convaincre...
Enslaved est un jeu qui nous raconte une aventure. Le destin commun de deux personnages qui sont totalement opposés. Monkey est un gars plutôt musclé, sauvage et souvent grognon, alors que Trip est une fille intelligente, pleine de finesse et assez optimiste. Ce duo de choc que l'on suivra tout au cours du jeu s'est formé à bord (ou plutôt après le crash) d'un vaisseau prison. Leurs chemins auraient pu se séparer ici, si Trip n'avait pas mis à Monkey un bandeau de contrôle. Ce dispositif sert en fait à controler un esclave, pour, au choix, lui donner des ordres ou lui griller le cerveau. Elle a fait ca pour que Monkey la ramène chez elle, car voyez vous, le monde d'Enslaved est très dangereux, avec des mechs (des robots) prêts à vous arracher les tripes à chaque coin de rue. Monkey n'est pas vraiment partant pour ce voyage qui s'annonce loin d'être agréable, mais il n'a pas vraiment le choix. Voila qui pourrait assez bien résumé l'histoire. Autant vous le dire tout de suite, elle n'a rien d'exceptionnelle. Ce n'est pas forcément une critique, car elle reste assez bien, propose quelques retournements de situation et un twist final assez innatendu (mais qui m'a déçu, personnellement). En fait, ce qui est regrettable c'est que le background du jeu est juste sous
entendu, et jamais vraiment développé avec des messages ou des
informations. C'est d'ailleurs pour ca que le scénario est un peu
décevant, la fin arrivant comme ca, sans aucune réelle explication, et
nous laissant interprêter le jeu comme on le souhaite (je sais que
certaines personnes aiment ce genre de choses, mais pas moi).
Le point fort dans tout ca reste pour moi les personnages. Trip est vraiment très attachante, à tel point que c'est la première fois que je mets autant d'application à protéger une IA dans un jeu vidéo! Monkey, le personnage à l'allure de singe que l'on contrôle vaut aussi son pesant de cacahuètes (ha ha!), mais il met plus de temps à être aimé, sale caractère oblige. On rencontrera aussi un troisième personnage mais je préfère vous laisser le découvrir. Enfin, pour conclure sur tout ca, j'ai trouvé les dialogues bien écrits et agréables, parfois marrants, parfois touchants, mais toujours crédibles.
L'histoire est importante dans le jeu, mais pour moi le plus marquant reste encore et toujours l'univers du jeu. Un monde post apocalyptique mais comme on en voit rarement. Et comme le thème est le voyage, vous allez en voir du pays, oh oui! Si on se retrouve quelques fois dans des lieux confinés et metalliques, on est la plupart du temps au grand air et entouré de végétation. C'est agréable de voir enfin un jeu qui utilise plus de trois couleurs différentes! Les développeurs n'ont en plus pas été radin et la diversité des environnements est au rendez vous (je n'en dirais pas plus, c'est plus sympathique de découvrir ces lieux sans les connaitre). La direction artistique m'a surpris, dans le bon sens. Les mechs et tout ce qui est technologique a un étonnant coté steampunk, et le design des ennemis comme des personnages est très bon, même si Monkey rend moins bien en 3D qu'en artworks, la faute à une coupe de cheveux qui semble avoir été taillée dans la pierre.
Pour conclure sur l'enrobage, les musiques sont agréables à entendre et les doublages anglais sont vraiment très bons (pour le francais, je ne sais pas, désolé). Les graphismes quant à eux sont très beaux, même si parfois il y a quelques retards d'affichage de textures. Mais c'est vraiment un tout petit défaut, qui ne pèse pas bien lourd devant la claque que l'on se prend en face de certains paysages et décors!
Je vais maintenant vous parler du gameplay du jeu, qui ne m'avait pas enchanté dans la demo. Si effectivement dans le premier chapitre on est coincé dans un vaisseau en chute libre, le jeu s'ouvre un peu par la suite. Enslaved est un jeu d'action aventure, mais avec beaucoup d'aventure dedans! N'allez pas croire que l'on explore de vastes étendues, mais il y a quelques éléments qui rendent vraiment le jeu agréable. Je pense notamment à ces boules oranges, que l'on trouve un peu partout, qui permettent d'améliorer les capacités du personnage. On peut en gagner en tuant les ennemis, mais aussi en collecter dans les niveaux. Et il y en a un peu partout, aussi bien sur notre chemin que dans les recoins les plus improbables! J'ai adoré collecter ces orbes car ca m'évoque exactement le plaisir que j'ai ressenti dans d'autres jeux de plateforme, avec en tête Mario et les pièces à ramasser dans les niveaux. C'est vraiment quelque chose qui m'a plu, je dirais même presque un élément un peu old school dans un jeu aux mécaniques très modernes. Ceci dit, ca ne me fait pas oublier ce que je reprochais au jeu, et ce que je lui reproche toujours.
Les phases de plateforme sont pour moi une déception. En fait, si on regarde bien, on peut se dire que le choix des développeurs est logique, car il y a énormément de phases de plateforme, on saute plus que toute autre chose dans ce jeu. Alors si on pouvait tomber, si on devait être précis, ce genre de choses, ca frustrerait peut être un peu certains joueurs. Mais le truc, c'est que justement, avec un vrai gameplay travaillé, ca aurait non seulement rallongé la durée de vie (qui n'est pas extraordinaire, comptez une dizaine d'heures au grand maximum), mais aussi donné des sensations incroyables, lors de certains passages. Parce qu'en l'état, en dehors de quelques passages peu nombreux où l'on peut être blessé par l'environnement si on adopte pas le bon timing pour enchainer des sauts, on a l'impression que grimper sur un immeuble de 40 mètres est aussi simple que de marcher. Je veux bien que le héros s'appelle Monkey, mais faut pas déconner quand même! Les phases de plateforme sont donc moyennes à mes yeux. Pas fondamentalement désagréables, car on s'habitue à avancer comme ca, de manière aussi simple, mais je regrette que les développeurs se soient juste contentés de "ca".
Niveau combat en revanche, les choses s'améliorent. Je n'oublie pas qu'un seul combo, c'est extrêmement pauvre pour un jeu où l'on se bat assez souvent, mais on débloque au fur et à mesure du jeu de nouvelles capacités. Une contre attaque, une attaque après une esquive, une attaque puissante, etc... Et laissez moi vous dire que ces techniques sont précieuses si l'on veut survivre! J'ai lancé le jeu directement en mode difficile, et si dans la plupart des cas je m'en suis bien sorti, il y a deux ou trois passages sur lesquels ma manette a frolé de peu la mort! La difficulté vient à la fois des talents de combattant de nos ennemis, mais aussi du fait que la barre de vie ne remonte pas (ou alors assez lentement après une amélioration très couteuse).
Le système de combat n'est pas très varié, mais il est amusant. Au début on ne se bat que contre peu d'ennemis à la fois, mais lorsqu'on arrive à des 1 contre 4, ca devient plus intéressant. Il y a aussi quelque chose d'assez cool, c'est le takedown. Dans certains groupes d'ennemis, un mech a une défaillance, et en l'utilisant bien, vous pourrez le tuer et retourner cette défaillance contre vos ennemis. Arraché un bras mitrailette pour flinguer tout le monde ou bien faire exploser un mech pour tuer tout ceux qui vous entoure, ces défaillances vous sauveront la mise dans les situations les plus désespérées. Dans l'ensemble j'ai trouvé les ennemis variés, et je n'ai pas trop senti d'ennui ou de répétitivité jusqu'à la conclusion.
Mais il n'y a pas que les combats dans la vie, enfin, dans Enslaved. Il y a aussi de nombreuses autres phases de jeu, plutôt bien trouvées. A certains moments, on peut se la jouer discret et tenter de trouver un passage dans les niveaux pour éviter les détecteurs de mouvement des mechs et donc éviter le combat. Il y a aussi le "nuage" de Monkey, qui n'est autre que cet espèce de coquille d'énergie sur laquelle il glisse. On ne peut l'activer que dans certains passages, mais c'est assez maniable et fun. Il y a également des phases de shoot, où votre baton se transformera en arme mortelle à distance. A ce sujet, notez que si l'arme est très puissante, on a rarement beaucoup de munitions, de manière à ne pas en abuser, et le système de visée n'est pas super précis. On se contentera donc, quand on le peut, du corps à corps. Il existe d'autres phases de jeu un peu spéciales et que j'ai bien aimé, mais je vous laisse encore une fois le plaisir de la découverte.
Pour finir sur le gameplay, deux derniers points. La coopération avec Trip n'est pas aussi extraordinaire que ca. La plupart du temps elle nous donne des ordres. On doit souvent la porter, prendre soin d'elle et la protéger. Ca ne devient jamais non plus trop contraignant, puisqu'elle se cache en général lors des combats. Mais à part faire diversion dans certains passages, ou acceder à des endroits spéciaux, l'entraide entre les deux personnages est assez limitée. Enfin sachez que l'on peut améliorer Monkey dans plusieurs domaines tout au long du jeu: sa santé, son bouclier, son baton et ses attaques. Ces améliorations sont nécessaires si l'on veut pouvoir tenir le coup, et se payent en orbes technologiques, les fameuses boules oranges.
Réalisation: Très bonne
Enslaved est très réussi d'un point de vue réalisation. De beaux graphismes, une direction artistique réussie, de bons doublages et des thèmes musicaux en font un jeu agréable à parcourir. A noter quelques petits défaut comme des textures qui s'affichent un peu en retard ou parfois les personnages qui s'intègrent mal à l'environnement (pieds qui ne touchent pas le sol par exemple), mais rien de grave.
Intérêt: Moyen
L'univers du jeu est admirable, et j'ai vraiment été content de le découvrir mais... tout cela est gaché par un background très peu développé et une histoire qui manque de consistance. On reste un peu dans le flou, et c'est à nous de "boucher" les trous. Certains aimeront, moi, pas trop. Reste que le jeu nous propose des personnages attachants qu'on prend plaisir à découvrir tout au long de l'aventure, et, justement, une aventure qu'on prend plaisir à vivre en leur compagnie.
Plaisir: Agréable
Je ne vais pas vous le cacher, j'ai plutôt pris du plaisir à jouer à ce jeu. J'ai été satisfait de vivre cette aventure, et malgré quelques défauts, je suis resté scotché au jeu du début à la fin. J'ai beaucoup aimé les personnages, j'ai adoré découvrir ce monde, et rechercher les orbes oranges dans les décors a aussi été déterminant dans mon plaisir de jeu.
Gameplay: Assez bon
Le gameplay m'a finalement moins décu que ce à quoi je m'attendais après la demo. Les phases de plateforme sont certes trop assitées, mais on finit par s'y
habituer, même s'il subsiste quelques regrets. Heureusement le reste du
gameplay reste assez bon, avec des combats plaisant malgré le manque de
coups disponibles et des phases de jeux variées, qui sont très agréables et apportent de la fraicheur tout au long du jeu. Vraiment dommage par contre que la coopération avec Trip ne soit pas plus utilisée que cela. Mais bon, je ne vais pas trop me plaindre, au moins on est loin de l'IA chiante qui nous fait perdre à l'image de Sheva dans RE5. Trip assure bien dans l'ensemble.
Durée de vie: Plutôt courte
Un des points faibles du jeu. La durée de vie est assez courte, comptez entre 6 et 10 heures pour finir le jeu. C'est d'autant plus dommage que les derniers chapitres m'ont semblé s'enchainer un peu trop vite et que certains passages, qui auraient très bien pu être jouables, ne sont que des cinématiques (oui, je voulais conduire la moto de Monkey!). Le pire, c'est que la rejouabilité me semble quasi inexistante. Vous pouvez bien sur rechercher tous les objets et les orbes cachés du jeu, mais cela n'a aucun intérêt: il n'y a aucun bonus à débloquer. C'est vraiment dommage.
Alors, finalement...?
Moyen. Enslaved: Odyssey to the West est un jeu moyen, mais un très bon divertissement. Le gameplay, même s'il n'est pas inexistant, reste assez limité par rapport aux jeux du même genre, et si l'univers, mis en valeur par une très bonne réalisation, est agréable à découvrir, l'histoire, elle, ne semble pas complète et est très avare en détails. Reste notre duo de personnages, très attachant, et un plaisir de jeu qui est quand même présent. Mais au final, Enslaved reste ma déception de l'année, car j'en attendais beaucoup plus. On a ici un joli spectacle, mais quand je joue, je préfère avoir un vrai rôle plutôt que de rester spectateur.